Réponses aux enjeux du développement agricole et de protection de l'environnement
Des écosystèmes cultivés résilients par rapport au changement climatique

Afrique de l'Ouest et du Centre

L’introduction de plantes de couverture type mucuna (Mucuna pruriens cv utilis), légumineuse annuelle à effet désherbant, est ancienne en Afrique. Dès 1922, elle a été testée au Nigeria en tant qu’engrais vert. Depuis la fin des années 1980, la « biologisation » des systèmes de culture et paysages agricoles, à savoir leur conversion vers moins de travail du sol, plus de couvertures et d’associations végétales, (agroforesterie, aménagements antiérosifs végétalisés, embocagement, jachère améliorée, défense biologique est un thème important des politiques de coopération internationale pour l’Afrique de l’Ouest.
Des essais sur l’introduction du mucuna en milieu paysan ont repris en 1986 par l’Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA) au Bénin du Sud sous climat à deux saisons humides. Dans la rotation annuelle maïs-mucuna, le mucuna couvre le sol en permanence, sous forme de couverture morte ou vive. En effet le maïs de première saison est semé dans le paillis de mucuna de l’année antérieure, et le mucuna lève dans le maïs à partir des graines se trouvant dans le mulch. Dans la province du Mono, ce système a été introduit en 1987 par des projets agricoles dans des exploitations aux sols appauvris en azote et infestés d’Imperata.
En revanche, les systèmes similaires à base de pueraria, introduits en Côte d’Ivoire ont été moins compétitifs que les systèmes locaux à base de jachère naturelle à Chromolaena odorata et n’ont donc pas été adoptés.
Les systèmes sans labour se sont développés au Ghana (300 000 ha au moins), mais selon des modèles basées seulement sur les herbicides et sans respecter le principe du semis sous couverture vég��tale, du fait de difficultés à maintenir sur place les résidus de récolte, à cause d’utilisations concurrentes.
Au Nord-Cameroun dans les années 1990, le semis direct sans labour est de plus en plus pratiqué en zone cotonnière grâce à une application d’herbicides. Il ne s’agit pas d’AC au sens strict car le mulch de résidus ou de biomasse vivante doit être régulier et permanent. Après des recherches sur les plantes de couverture depuis 1994, une mise au point de systèmes à diffuser à partir de 2000, avec l’appui de l’équipe de L. Séguy du Cirad et des échanges avec le Brésil et Madagascar, le Projet de Conservation des Sols-ESA (PCS) entreprend des tests en milieu paysan.
Le projet PCS entame la phase de diffusion des SCV en 2007. Un regroupement de blocs de parcelles SCV entourés d’une haie vive et la mise en place d’aires de pâturage avec implication des autorités visent à gérer le problème de la concurrence avec le bétail pour les résidus. La majorité des parcelles relève en fait de TCS (techniques culturales simplifiées) où la biomasse de couverture est faible (feux, surpâturages en saison sèche), et où le travail du sol se maintient sous forme de sarclage et de buttage.

En Afrique de l’Ouest et du Centre, l’AC progresse donc très lentement, sauf dans des conditions précises de dégradation ou d’infestation adventice de l’agro-écosystème où le mucuna joue un rôle de restauration (cas du Sud Bénin). En revanche, l’un ou l’autre des principes de l’AC (non travail du sol, ou associations avec plantes de couverture) se développe parfois significativement et spontanément.