L’agriculture de conservation dans le monde
Les techniques d’agroécologie basées sur le semis direct sur couverture végétale permanente (SCV) sont apparues aux USA en réponse aux désastres causés par l’érosion éolienne (Dust bowl) dans les années 60 grâce à l’utilisation d’herbicides. Les surfaces se sont développées aux USA et en Amérique du sud avec une agriculture fortement mécanisée où ces techniques ont accompagné le développement de l’agrobusiness.
En 2011, l’Agriculture de Conservation (AC) couvre 117 millions d’ha dans le monde dont l’essentiel (95 millions d’ha) se trouve en Amérique du Nord et en Amérique du Sud (pays du MERCOSUR : Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay). Ainsi dans les pays du MERCOSUR, plus de 70% des surfaces cultivées sont en AC, et durant les 11 dernières années, les surfaces en AC ont augmenté de 6 millions d’ha par an. Le contrôle de l’érosion hydrique (Brésil), le problème de sécheresse (Australie et Kazakhstan), l’érosion éolienne (prairies du Canada et des Etats Unis) et la diminution des coûts de production ont été à l’origine de l’adoption de l’agriculture de conservation. La suppression du travail du sol représente, en effet, une économie substantielle et l’emploi d’outils adaptés (ex : semoirs) et d’herbicides permet de gérer les couverts végétaux et de contrôler l’érosion sans surcoût.
Plus récemment, les problèmes environnementaux causés par l’agriculture conventionnelle ont amené les principaux pays notamment en Asie (Chine, Laos, Vietnam) à adopter l’AC.
Les contraintes et avantages sont différents pour la petite agriculture pour laquelle la mise en œuvre de ces systèmes de culture demande aux agriculteurs de modifier leur organisation et de mettre en jeu des connaissances théoriques et techniques encore difficilement accessibles. Cette introduction de l’AC en agriculture familiale s’est faite en général dans le cadre de programmes humanitaires ou de développement rural sauf dans quelques pays (Zambie, Swaziland et Lesotho) où l’AC fait partie des politiques de gouvernement. Une quinzaine de pays africains vulgarisent actuellement l’AC mais avec des surfaces relativement faibles (5 à 10.000 ha par pays) et des qualités très variables.
Pourtant l’agroécologie est un moyen de répondre à certains défis de ce siècle tant pour assurer l’alimentation des hommes que pour ses capacités de résilience et d’adaptation au changement climatique.
Partie intégrante de l’agro-écologie, qui regroupe l’agro-foresterie, l’agriculture biologique ou la gestion intégrée des pestes et ravageurs, l’agriculture de conservation a pour objet principal une gestion intégrée du sol et de sa fertilité. Elle se traduit différemment selon les pays bien qu’il soit reconnu actuellement les trois principes qui la définissent, à savoir : réduction, voire suppression du travail du sol, couverture permanente du sol et rotations et associations diversifiées des cultures.
Favoriser le développement des exploitations familiales et promouvoir les techniques agro-écologiques, sont les deux orientations majeures pour nourrir l’humanité et protéger le climat durablement, en particulier dans les Pays en Développement, comme le rappelle O. De Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation. L’agroécologie est un moyen de répondre aux défis de ce siècle tant pour assurer l’alimentation des hommes que pour ses capacités de résilience et d’adaptation au changement climatique. L’AC, partie intégrante de l’agro-écologie, a pour objet principal une gestion intégrée de la ressource sol garante d’une production durable.